mardi 4 juin 2013

5 - Here without you baby.


Quelle honte, je commence déjà à ne plus écrire, moi qui m'étais promis d'être ponctuelle. De vraiment essayer. Faut dire que j'ai eu un moral ridicule ces dernières semaines, mon anniversaire approchant, l'absence de mon père pesant davantage. Ca y est, j'ai eu 24 printemps. J'ai dîné avec maman, petit frère, grande soeur et son amoureux, et le mien. J'ai refait ma garde robe pour l'été en guise de cadeau. Dieu que je déteste faire les boutiques. Allez savoir pourquoi, avant j'allais en ville chaque samedi, même sans rien acheter, juste pour regarder, pour essayer. Maintenant j'ai juste envie de pleurer quand je peine à rentrer dans un 40 voire un pathétique 42. Mon corps me déplaît au plus haut point, et c'est pire en vieillissant. J'aimerais pouvoir dire "Oui bon, j'ai un corps pulpeux quoi", mais c'est juste une jolie façon de dire que j'ai des gros nichons et des hanches idéales pour accoucher par voie basse. Si si.
Le temps dehors est misérable, c'est un peu partout la même chose j'ai l'impression, mais quelle misère quand on a une plage au bout de sa rue qui ne demande qu'à ta serviette de venir quelques heures pour faire dorer son teint. Moi je ne dore pas, je crame. Quand j'étais gosse, je devenais une petite négresse en Juillet-Août, maintenant j'ai l'impression d'avoir une peau de rouquine. D'ailleurs en parlant de rouquine, mes cheveux, ils se sont éclaircis comme des malades, et oui, j'ai des reflets roux mignons comme tout. J'ai retrouvé des vieilles photos, de moi, avec des cheveux noirs ou alors brun chocolat, je ne sais pas si j'aime ou si je déteste. Avoir les cheveux foncés l'hiver, ça fonctionne, je suis si pâle qu'on pourrait me renommer Blanche-Neige, mais l'été.. J'ai toujours un doute, et je finis paradoxalement par des cheveux clairs ou des mèches d'un caramel assez doux. Je suis finalement une fille de base.
Demain mon réveil sonne aux alentours de 6h45. J'ai un rendez-vous capital à 8h30 à une heure de ma petite ville. Tests divers et entretiens dans une école assez prisée de Nantes. J'essaie d'entrer dans une de leur formation en alternance d'Assistante Juridique. L'alternance parce que je doute que ma phobie scolaire se soit envolée comme ça, du fait que je ne sois plus scolarisée depuis l'obtention de mon BAC en Juillet 2008. Ce qui me fait le plus peur, c'est de ne pas réussir à m'endormir cette nuit, de ne pas dormir plus de quatre heures, si ce n'est pas moins. Hier, j'avais la tête comme une pastèque, migraine de dingue, je me suis endormie vers 23h45, épuisée, pour finalement me réveiller vers 14h cet après midi. Mon corps me dit merde, et ma tête aussi, je crois.
Avec maman, on a discuté d'une possibilité d'aller voir un psychiatre. Je veux dire, perdre son papa si brutalement, lui qui était pourtant en très bonne santé, ce serait un choc pour tout le monde, peut-être que parler avec quelqu'un de totalement extérieur me ferait du bien. J'ose parler avec mes amis, avec ma famille, mais je n'ose pas forcément dire que je me sens comme.. je ne sais pas, comme si j'étais morte un peu moi aussi cette semaine d'Avril où j'ai cru jusqu'au bout qu'il se réveillerait. Qu'il se souviendrait de tout, de maman, de moi. Qu'il n'aurait aucune séquelle, qu'il soit de nouveau le papa grand et fort que j'ai toujours connu. Avec ses si, on referait le monde. Moi, mon monde, il s'est cassé la gueule.
Le soir de mon anniversaire, le 1er Juin, une fois de retour à la maison après le repas familial, j'ai pleuré comme jamais je n'avais pleuré depuis qu'il est parti. Je crois que j'en avais besoin. Je ne faisais rien de particulier, j'étais là à glander sur Youtube et Facebook. J'ai commencé ensuite à ranger mes achats de la journée, pantacourts/débardeurs/tee-shirts, et j'ai trouvé la traditionnelle carte d'anniversaire planquée au fond d'un des deux sacs. Seulement un mot de ma mère était écrit : "Bon anniversaire Elsa, profite de la vie, sois heureuse. Maman qui t'aime". Elle n'avait pas osé me la donner en main propre, d'habitude, ils sont quatre à marquer quelque chose et à signer.
Dans quelques jours c'est la fête des Pères. Je fais désormais partie de ces gens qui un père, ils n'en ont plus.  Merde.
J'essaie de revenir demain, ou après demain, vous raconter comment ma journée de demain s'est passée, des fois que ça ait été catastrophique et que j'ai besoin de vider mon sac.

Elsa.

mercredi 15 mai 2013

4 - Walking on sunshine.


Le soleil est de retour dans ma petite ville de l'Ouest, malgré le vent assez frais, c'est foutrement agréable. J'ai pris le bus pour me rendre au Tribunal cet après midi. Jugement du jeune homme qui m'avait agressé au gaz lacrymo l'année dernière. Ca m'a foutu les jetons, je pensais pas encore être traumatisée de ce qui s'était passé, mais apparemment si. Il a raconté sa version, j'ai raconté la mienne. J'ai écouté les juges lui parler, raconter son passé, ses soucis avec la Justice alors qu'il n'a aujourd'hui que 18 ans. Jugé en temps que mineur, il n'a pris que 70h de TIG, je m'attendais à ça, je n'ai pas été surprise. En revanche, ce qu'il a fait avant, ça m'a franchement remuée. J'étais vraiment, vraiment, choquée d'entendre tout ça et je me suis sentie chanceuse de n'avoir été agressé QUE comme il l'a fait. Bref, on en parle plus, l'affaire est close, définitivement pour moi. 
J'ai ensuite pris le bus pour retrouver ma petite maman, qui prenait le soleil sur la terrasse, une clope au bec. Nous avons longuement discuté, de tout et de rien. Elle m'a surtout écouté lui raconter toute l'audience, puis elle m'a ensuite ramené chez moi. Je suis à présent seule, j'attends que mon homme revienne. On s'est un peu pris le bec ce midi tellement j'étais tendue en vue du procès, du coup promis, ce soir, je me fais douce. Il travaille comme un fou pour que nous puissions vivre correctement, même si ça reste compliqué au possible. 
Bref.. Ca me fait du bien d'écrire, qu'il y ait des lecteurs ou non, j'en ai besoin je crois. Mine de rien, j'ai beau avoir des amis, des gens à qui parler, depuis le décès de mon père, peu osent réellement venir discuter avec moi, certains s'arrêtent même au "Comment tu vas ?". C'est peut-être normal. 


Elsa.